Chaque automne, quand la brume s’étend sur les marais et que les soirs raccourcissent, la Vendée réveille ses légendes. Ces récits murmurés depuis des générations peuplent encore nos nuits : lutins, métamorphes et esprits rôdent au détour d’un chemin creux. Zone85 vous invite à (re)découvrir ces êtres fantastiques vendéens, témoins d’un imaginaire rural aussi effrayant …
Chaque automne, quand la brume s’étend sur les marais et que les soirs raccourcissent, la Vendée réveille ses légendes. Ces récits murmurés depuis des générations peuplent encore nos nuits : lutins, métamorphes et esprits rôdent au détour d’un chemin creux. Zone85 vous invite à (re)découvrir ces êtres fantastiques vendéens, témoins d’un imaginaire rural aussi effrayant que poétique.
La Galipote est un être des nuits vendéennes, mi-homme, mi-bête. On dit qu’autrefois, c’était souvent un homme maudit, condamné à se transformer à la tombée du jour pour avoir commis une faute grave : trahison, mensonge, ou simple méchanceté. Quand la lune se lève, la Galipote prend la forme d’un loup noir, d’un chien géant ou même d’un âne aux yeux rouges. Elle hante les chemins isolés, renversant les charrettes, effrayant les chevaux, ou suivant les voyageurs trop téméraires. Mais la Galipote n’est pas qu’un monstre : elle souffre. Prisonnière de son sort, elle erre jusqu’à ce que quelqu’un ose lui parler sans peur ou lui tracer un signe de croix sur le front. Alors seulement, l’âme retrouve la paix et l’homme redevient lui-même. Les anciens conseillaient de ne pas marcher seul la nuit, et surtout de ne pas se moquer des bêtes étranges croisées sur la route : car parfois, sous la peau du monstre, se cache un voisin puni par le sort…
On raconte qu’autrefois, dans les marais de Vendée, rôdait un esprit nommé l’Aloubi. Né de la faim ou de la solitude, il errait les nuits sans lune, drapé de brume. On ne le voyait jamais clairement : juste une ombre qui respirait trop fort, ou une voix familière qui appelait dehors. Car l’Aloubi a un don terrible : il imite la voix des proches pour attirer les voyageurs égarés. Ceux qui sortent répondent à cet appel trompeur et marchent jusqu’à l’aube, perdus dans le brouillard. Le matin venu, ils rentrent amaigris, le regard vide, comme si une part d’eux s’était envolée. Les anciens disaient qu’il suffisait de ne pas répondre ou de répéter trois fois : « Va-t’en, va-t’en, va-t’en ! » pour chasser l’Aloubi dans la nuit.
Vers 1900, dans les faubourgs de Challans, les jeunes hommes avaient pris l’habitude de se déguiser et de se promener la nuit, pour faire peur aux habitants. Cette plaisanterie prit bientôt une dimension légendaire : les femmes du quartier parlaient d’une créature mystérieuse et terrifiante, que l’on surnomma la Bidoche. Effrayées par ces apparitions nocturnes, certaines racontaient avoir frissonné et couru à perdre haleine dans les rues plongées dans l’ombre. Finalement, la gendarmerie intervint pour demander aux jeunes de cesser leurs facéties, mettant fin à ces frayeurs qui avaient marqué les mémoires. La Bidoche est donc à la fois farce et légende, un mélange de peur et d’humour dans les nuits vendéennes.
Dans les marais poitevins, au fond des puits, des fontaines et des conches, vit un croque-mitaine redouté : le Bras Rouge. Ce personnage maléfique émerge soudainement de l'eau, sa main ensanglantée prête à saisir quiconque s'approche imprudemment. Les anciens racontent que, pour apaiser sa colère, il fallait jeter une pièce dans l'eau ou avoir du sel sur soi. Sinon, le Bras Rouge pouvait entraîner sa victime vers les profondeurs, la noyant pour l'éternité. Ainsi, il servait de mise en garde pour les enfants, les incitant à respecter les dangers des eaux marécageuses.
Dans le village de La Crosnière, on raconte que le fantôme le plus redouté n’est pas un spectre ordinaire, mais le miaque, un lutin malicieux et farouche. Ce petit être surnaturel a une passion étrange : il adore les chevaux du marais. La nuit, il bondit sur les plus beaux coursiers et les entraîne dans des courses folles et effrénées, courant à travers les champs et les sentiers, jusqu’à ce que les animaux soient complètement épuisés. Mais ce n’est pas tout : dans ces galops sauvages, le miaque s’amuse à emmêler la crinière des chevaux d’une façon si parfaite et magique qu’aucune main humaine ne peut jamais la démêler. Les habitants du village, qui connaissent cette légende depuis des générations, veillent à protéger leurs chevaux la nuit, et certains disent que les chevaux les plus vigoureux portent encore des traces de ces courses mystérieuses.
Halloween en Vendée ne serait rien sans les redoutables braillards. Sur l’île de Noirmoutier, au Passage du Gois, ils rôdent sous la forme de lutins . Lors des nuits de tempête, ils poussent de longues clameurs plaintives, que certains prennent pour les âmes du purgatoire ou les gémissements des naufragés. Les marins et les habitants savent que quiconque tente de secourir les victimes de ces voix fantastiques est attiré par les Braillards vers la haute mer, où d’effroyables fantômes surgissent au sommet des vagues et disparaissent en poussant des rire sinistres. Ainsi, le Gois reste un lieu de mystère et de frissons, où même le courage le plus audacieux peut être trompé par les Braillards et leurs chants ensorcelants.
📚 Pour les curieux du sujet Halloween et des vieux contes vendéens, la Bibliothèque nationale conserve un trésor :
👉 Les Légendes de la nuit en Vendée d’Edmond Bocquier (1908).
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